La Comédie, Scène nationale : Tout le monde ne peut pas être orphelin

Quoi de plus «familial» que le traditionnel repas de Noël ? Retrouvailles, souvenirs heureux et projets exaltants partagés, mais aussi frustrations, jalousie et parfois angoisses face à l’avenir.

C’est dans ce maelstrom que plonge avec délectation le collectif Les Chiens de Navarre. Avec la démesure qui les caractérise, ils improvisent une sorte de Grand Guignol réjouissant et dérangeant, émouvant et ironique, qui emmène le spectateur dans une auto-analyse sauvage entre rires et larmes. Dans cette course folle, déjantée et délirante, nous redevenons ces enfants agités qui demandent tout et son contraire à des parents hésitant entre éducation libérale et autoritarisme. Par la provocation, Les Chiens de Navarre font éclater ce rapport conflictuel et intergénérationnel qu’André Gide résumait par sa célèbre formule : «Familles, je vous hais». Ce mélange de cabaret et de tragédie, de pure comédie et de burlesque n’est possible que par l’engagement total des comédiens qui constituent historiquement le collectif et par les nouveaux arrivants, en particulier ceux venus de la célèbre Famille Deschiens. Ensemble, en toute liberté et dans une grande complicité, ils donnent à cette réflexion sans faux-semblant sur la cellule familiale la force d’un pamphlet théâtral troublant et efficace !

“La troupe déjantée, accompagnée de deux ex-membres des Deschiens, électrocute nos existences dans un repas de famille salvateur.“

Télérama