La Comédie, Scène nationale : Sentinelles

Texte, mise en scène et scénographie Jean-François Sivadier.

Les académies musicales, les prestigieuses écoles, les conservatoires sont habités par de jeunes musiciens à la vocation précoce. Les trois pianistes Ethan, Swan et Raphaël en sont issus. Ils y ont tissé des liens d’amitié, de travail, d’exigence et des habitudes de compétition redoutables. C’est au milieu de ces contradictions qu’ils mènent leur vie et leur carrière, unis par ces années d’apprentissage acharné et ce combat commun pour être le meilleur. Trois destins, trois regards sur ce qui fait une vie d’artiste. Sur les pas de Thomas Bernhard et de son roman Le Naufragé, c’est ce questionnement, ce «rapport secret que chacun d’eux entretient avec le monde» et avec lui-même, que le metteur en scène veut faire entendre. Que sacrifier de ses idéaux pour être le meilleur ? Comment vivre sa vie d’artiste quand l’amitié a du mal à résister aux rivalités, quand on se sait talentueux, virtuose même, mais éloigné de ce qui fait le «génie», celui dont les générations futures se souviendront ?

Troublante et énigmatique, d’une profonde humanité, la pièce veut dire avec force la beauté et la complexité d’une vie vouée à une pratique artistique exigeante et parfois destructrice.