La Comédie, Scène nationale : Ce qu’il faut dire

Léonora Miano | Stanislas Nordey

Il faut dire sans se lasser ce qui se cache derrière les lieux communs, les fantasmes, tous les obstacles qui empêchent le dialogue et le partage lorsque les origines, géographiques ou culturelles, diffèrent. C’est tout le propos de la romancière Léonora Miano dans ce texte que Stanislas Nordey a mis en scène pour trois jeunes actrices afropéennes venues de l’École du Théâtre national de Strasbourg. Dire ce que c’est qu’être noire dans un pays majoritairement blanc, dire ce que fut la véritable histoire entre un pays colonisateur et ses colonies, entre ceux qui envahissent et ceux qui deviennent des dominés, esclaves ou citoyens de seconde zone, faire entendre les noms des oubliés de l’histoire nationale et impériale de la France, femmes et hommes de talent, de courage et d’engagement qui ne peuvent accéder à notre Panthéon national.

Camerounaise d’origine, française par ses études universitaires, togolaise par sa résidence, Léonora Miano, Prix Goncourt des lycéens en 2006, Prix Femina en 2013, sait de quoi elle parle quand elle fait entendre d’une voix forte, avec humour et énergie, ce que l’on a voulu taire, cacher, dissimuler. Pour elle il faut crier mais ce cri doit être un chant, une célébration, pour sortir de la victimisation et réclamer haut et fort son droit à exister, dans le passé, dans le présent et dans l’avenir.